Connexion cosmique : un pilote, une anomalie et un futur incertain.

Dans un échange aussi captivant qu’énigmatique, Keron Valhen a eu l’opportunité d’interviewer le Commandeur Aquisto Voss, nouvel aspirant de La Guilde des Cartographes. Rescapé d’un passé aussi trouble que fascinant, il se présente comme un homme marqué par une décennie de dérive dans l’espace, une expérience qui l’a transformé de manière inexplicable. Entre souvenirs brisés, quête d’identité et connexion mystique avec le cosmos, il nous livre un long témoignage hors du commun.

Sur l’origine et le parcours


Pour commencer, pouvez-vous nous parler un peu de votre passé ? D’où venez-vous et qu’est-ce qui vous a mené jusqu’à La Guilde des Cartographes ?

Eh bien, tout d’abord, bonjour.

Je crois pouvoir dire que rien ne me destinait à être pilote, bien au contraire puisque je suis né dans le crash d’une navette ! Pas mal pour un début !

C’est arrivé en juin 3278, sur la planète Thompson, dans le système Ackwada. J’ai été recueilli par la Ligue Impériale de Duduselkis. J’ai suivi des études et, à l’âge de 16 ans, mon contrat de servitude a été acheté par Mme Emma TORV.

(Normalement, à ACKWADA, tout le monde bosse un jour ou l’autre pour la Rockforth Corp. Bah pas moi !)

Mme TORV, c’est la personne la plus importante, la plus inspirante que j’ai rencontré dans ma vie. Enfin, avant ma mort.

C’était une riche aristocrate, figure très influentes dans toutes les plus hautes sphères impériales. Elle représentait une frange progressiste et elle a eu une grande influence sur la princesse DUVAL. (que j’ai eu l’occasion de croiser lors d’une de ses visites à la « Torv’s N Factors », la société de Mme TORV.)

J’ai tout appris grâce à elle ! Les arts, les jeux politiques, une vision éclairée de ce que doit devenir l’Empire. Même des cours de pilotage qui m’intéressaient moyennement.

J’avais la vingtaine quand les guerres de pirates de Pégase ont commençées. Nous vîmes arriver les réfugiés à ACKWADA par milliers. C’a m’a choqué. … Mouais… Je crois que c’est le terme.

Toujours est-il que Mme TORV offrit ses incommensurables moyens au service de l’aide humanitaire.

Et c’est lors de mon premier vol FSD que Mme TORV et moi-même avons péri . En 3301. Vraiment, j’étais pas destiné à être pilote.

En fait, j’ai dérivé pendant une décennie dans une capsule de sauvetage. Un pilote, qui est devenu un bon ami, m’a récupéré à la fin de l’été 3310.

On m’a détecté une “anomalie”. C’est comme ça qu’ils appelaient ça. On a fait en sorte que je récupère mes facultés physiques, cognitives, etc.

« L’anomalie » se traduit par une sorte de très légers vrombissements et des vibrations qui émanent de moi.

En gros, 10 ans passés “imbriqué” dans le cosmos, ça laisse des traces. C’est très dur à expliquer alors je vais faire très scolaire et très synthétique parce que c’est très important :

Je n’étais pas mort, ni en stase dans cette capsule. Pendant 10 ans, j’ai vu, j’ai entendu, j’ai conversé, j’ai échangé, j’ai appris. J’ai intégré un bout de cosmos en moi. Comment ?

Une délégation Utopienne a émis diverses théories ; ça pourrait être une sorte de conscience, de compréhension de l’espace, comme si ce dernier m’avait injecté un peu de ce qu’il est. Il s’exprime à travers moi par des sensations. Plus une sorte d’appel incontrôlable, comme si ma « partie cosmique » voulait retrouver son ventre matriciel. J’ai un bout d’espace en moi et je suis trop “petit”, j’ai pas la place ! Et croyez-moi, ce bout de cosmos que j’ai au plus profond de moi, il me laisse pas tranquille !! Il est cool, mais faut qu’on s’arrange pour qu’on puisse être complet ! Et pour ce faire, les scientifiques Utopiens m’ont fabriqué une interface neuronale expérimentale pour m’aider à ne pas devenir fou. Elle s’appelle Dizzy et tente de me traduire ce que ce bout de cosmos me communique. En résumé, je suis toujours accompagné ; par le cosmos lui-même, et par Dizzy, l’interface Utopienne.

Pour les gens normaux, j’apparais comme un peu schizophrène, mais c’est juste que c’est pas facile de manquer de place pour le vide en soi, vous comprenez ?

Bref, on m’a prêté un Sidewinder afin que je puisse retrouver ce qui, finalement, est mon véritable foyer depuis 10 ans.

Alors pourquoi LGC ? Je cherche un endroit. Je sais pas où. C’est le cosmos en moi qui décide, c’est comme ça. Le cosmos en moi me “parle”, dans un langage dont je ne connais même pas l’alphabet. Mon ami pilote me dit toujours en blaguant qu’il faut une carte pour me comprendre Il n’imagine pas à quel point il a raison.


Eh bien, je pensais avoir entendu des récits de pilotes marqués par l’espace, mais là, nous atteignons un tout autre niveau. Né dans un crash, mort dans une attaque, revenu d’entre les étoiles avec un fragment du cosmos en lui… Vous êtes un véritable roman à vous tout seul, Commandeur.

On pourrait s’attendre à ce qu’une telle expérience pousse à fuir l’infini, mais non, vous semblez inexorablement attiré par lui, comme si l’espace avait décidé de ne jamais vous lâcher.

Et puisque vous semblez en perpétuelle conversation avec l’univers lui-même, dites-moi, comment ce fragment d’infini en vous influence-t-il votre façon de piloter ? Plutôt explorateur, commerçant, combattant… ou autre chose encore ?

Mmmmh.

J’vais vous dire.. ; Pour moi, depuis que je suis un pilote, « on » se lève avec une idée en tête ; Se retrouver devant une étoile, le Cœur.. « On » prend un petit temps. Peut-être que l’étoile ne « nous » connais pas. Alors, on se découvre, on s’observe, on se jauge un peu. C’est presque un jeu de séduction. Ça vous fait pas ça à vous ? Quand l’odeur du néant vous prend au narines ?

Après, « on » se rapproche, on se connecte, on s’aprivoise. Et pour finir, on devient complet ! Et c’est jamais assez !!!!

Alors, oui, des fois, le combat est inévitable. Permettez-moi de trouver ceci dégradant. Vacuité et vanité ne sont par moi, « On » a d’autres truc à faire, ma tumeur stellaire et moi ! D’ailleurs, vous sentez les vibrations qui montent ? Oui ? Bah, cherchez pas ; ça vient de moi, enfin surtout de la parcelle de cosmos en moi. Ça veut dire que le Noir nous appelle !


Sur les motivations et les attentes


Je dois admettre que c’est la première fois qu’on me décrit le pilotage comme une danse intime avec les étoiles… et je suis à peu près sûr que c’est aussi la première fois que j’entends parler de « tumeur stellaire ». Si un jour un scientifique utopien décide d’écrire un papier sur vous, j’aimerais en avoir un exemplaire.

Mais revenons à des considérations plus… terrestres, si je puis dire. Il y a bien des chemins possibles pour un pilote, et pourtant, c’est vers la Guilde des Cartographes que vous avez choisi de vous tourner. Qu’est-ce qui vous a attiré vers elle en particulier ?

Hum. Le cosmos en moi a besoin de moi. La réciproque est vraie. Alors on se perd dans le néant, tous les deux, ensemble. Très bien. Et ensuite ? Le peu d’absolu perçu se doit d’être partagé. En tant qu’être humain, c’est un devoir. Tout seul ? Même en étant deux ? Impossible !

On n’est tout simplement pas capable ! On cherche quelque chose d’inconnu, on ne sait-où ! Bah, moi, dans ma 1ʳᵉ vie, quand j’étais perdu dans les marchés Voïvodiens, j’utilisais une carte. Et je n’étais plus perdu. Grâce aux personnes qui ont trouvé un endroit, l’ont enlacé, y ont créé un marché et, parce qu’on ne sait jamais, ont indiqué le chemin pour s’y rendre sans se perdre, eh bah, je n’étais pas perdu. Alors, ça fait 10 ans que je ne suis plus exclusivement un animal, mais ça me semble impératif de rendre la pareille.

Il y a quelque chose d’assez poétique dans votre manière de voir les choses… et une logique qui, étrangement, me parle. La cartographie, après tout, c’est ça : transformer l’inconnu en repère, rendre l’inaccessible atteignable. La Guilde a vu passer bien des esprits aventureux, mais rarement un pilote qui se définit autant comme un fragment de l’espace lui-même.

Si tracer des cartes est votre manière de rendre la pareille, alors il est un rituel qui pourrait bien vous parler : le Pèlerinage. L’épreuve initiatique des aspirants cartographes. Avez-vous déjà entendu parler de cette tradition ? Et surtout, comment envisagez-vous ce défi ?

Vous voyez les poupées russes ? Non ? Pas grave. Bah c’est pareil.… Je vois à votre visage que ne suis pas clair. J’y suis habitué, je comprends. Alors voilà comment je voisles choses :

Je suis né dans un vaisseau. Et je suis mort dans un vaisseau. Fin de l’histoire .

Sauf que pendant ce que vous appellez ma mort, le cosmos s’est infusé en moi, s’est installé,

Je suis une poupée russe, appontage moyen.

Une petite partie du cosmos est entrée en moi. C’est aussi une poupée russe, petit appontage.

Maintenant, on est 2 poupées. « On » est trop à l’étroit en moi. Il faut qu’ on trouve une plus grande poupée, un appontage plus large.

Et peut-être une autre poupée encore plus grande, encore plus loin. Pour, à la fin, être complet. Ma vie est un pélerinage, et je ne sais pas par où commencer.

Le pèlerinage de LGC est, à mon sens, une poupée russe, qui fera partie de moi tout au long du chemin. Comme un bagage durement acquis. Car, je vais vous faire une confidence. Le cosmos en moi, on arrive quand même à communiquer par le truchement de mon interface neuronal, Dizzy. Et il estime à juste titre que c’est par parce qu’il est moi (et inversement, évidemment ! Vous suivez?) qu’on ne se mérite pas.

Aïe !!! C’est rien, c’est l’interface, justement qui commence à s’impatienter. Va pas falloir tarder à décoller là !


Sur les compétences et l’adaptabilité


Les poupées russes… Une image surprenante, mais terriblement évocatrice. Vous voyez le Pèlerinage comme une étape, un emboîtement de plus dans votre quête d’unité avec l’espace. Voilà qui change des réponses plus… terre à terre que j’ai pu entendre.

Mais pour compléter cette grande poupée, encore faut-il survivre au voyage. L’exploration exige une autonomie totale, une capacité à improviser et à surmonter l’inattendu. Alors, dites-moi : comment vous débrouillez-vous en milieu hostile et inconnu ?

Hostile ? Je laisse ça à votre discrétion, une partie de moi n’est pas d’accord. En revanche, ce que vous appelez l’inconnu… Comment-dire ? Moi, j’ai pas le choix ! Mon « hôte » est appelé par ce fameux inconnu alors, on y fonce. Et de fait, Lui, il le connait. Mais pas moi.


L’hostilité, la peur de l’inconnu… des concepts relatifs, j’imagine, quand on a déjà fusionné avec l’espace lui-même. Pour vous, ce n’est pas une découverte, mais une reconnexion. Une danse cosmique où c’est votre… hôte, comme vous l’appelez, qui mène le pas.

Mais dans cette valse infinie, il doit bien y avoir un moment qui vous a marqué plus que les autres. Quelle est votre plus grande expédition, ou l’expérience d’exploration qui vous a le plus bouleversé ?

Oulah ! J’ai envie de dire les prochaines expériences. Ceci étant dit, ma 1ère étoile à neutrons et son chant si particulier, un petit trou noir qu’une connaissance de l’Institut Canonn m’a emmené voir… Et puis, une fois, un de ces fameux Thargoïds dont j’avais tant entendu parler. La conversation s’était terminée par une phrase du genre « Eh bien, nos congénères respectifs se seraient pas comportés comme des idiots ces derniers temps ? ». Je crois qu’il était aussi paumé que moi. Euh, y a encore beaucoup de questions parce que là, j’ai les tempes en feu !


Une étoile à neutrons, un trou noir, et même une conversation avec un Thargoïd… Vous collectionnez les rencontres marquantes, Commandeur. Et pourtant, vous semblez toujours chercher plus loin.

Mais l’exploration n’est pas qu’une aventure solitaire. Ceux qui arpentent les étoiles finissent toujours par croiser d’autres âmes errantes. La Guilde met un point d’honneur à l’entraide et au partage du savoir. Êtes-vous prêt à échanger vos découvertes, à apprendre de vos pairs et à transmettre votre propre compréhension du cosmos ?

Écoutez-moi bien ; si je réponds à cette question, c’est uniquement pour certains de vos lecteurs que j’imagine quelque peu marginalisés par une forme de détresse intellectuelle qui nous dépasse tous. Malgré tout, je vais vous faire une réponse définitive, détaillée dans le marbre ! Prêts ?

EVIDEMMENT !!!!!


Sur la vision de l’aspirant dans la Guilde

Une réponse gravée dans le marbre, rien que ça. Voilà qui a le mérite d’être clair. Je doute que même les plus sceptiques de nos lecteurs aient encore des doutes sur votre position.

Mais justement, parlons un peu d’avenir. Si vous deviez choisir une division au sein de la Guilde, laquelle vous semblerait la plus adaptée à votre parcours et à votre… connexion avec l’espace ?

Je veux faire renaitre l’entreprise de feu Mme TORV. C ‘est le seul reliquat de ma vie d’avant auquel je veux consacrer mon énergie. Mon énergie, pas celle de mon cosmos. C’était une société de culture et de transformation de café « Ziltoïd », très réputé dans les palaces impériaux. Elle avait surtout une vocation sociale, éthique, éco-responsable et même culturelle à ACKWADA, promulgant la vision anti-esclavagiste et d’accompagnement des démunis de Mme TORV.

Donc, pragmatiquement, je compte mettre en place une société de transport du nom « TORV’s N FACTORS », qui serait bien évidemment au service de la population confiée à la responsabilité de la Guilde.

Redonner vie à un projet aussi engagé, alliant commerce et valeurs humanistes… Voilà qui semble en parfaite adéquation avec l’esprit de Velorum. Une initiative ambitieuse qui, si elle voit le jour, pourrait bien marquer l’histoire de la Guilde.

Mais au-delà de cette entreprise, vous imaginez-vous un jour porter un rôle plus important au sein de LGC ?

Vous savez, je suis un citoyen Impérial décédé avec un bout de cosmos infusé en lui qui communique avec moi par le biais d’une interface neuronale caractérielle qui s’apelle Dizzy…

Alors, l’ambition personnelle est un concept qui nous est étranger.

En revanche, nous somme persuadés (enfin surtout un) que si des responsabilités devaient nous être confiés, le citoyen impérial que je suis s’acquitterait de la tâche avec convictions et rigueur, naturellement.

Une approche pour le moins… atypique, mais qui semble vous correspondre parfaitement. La Guilde ne manque pas de profils singuliers, et il semblerait que vous soyez prêt à y trouver votre place, quel que soit le rôle qui vous attend.

Avant de conclure, avez-vous un dernier mot pour les lecteurs du 32 Mu StarNews et pour ceux qui, comme vous, envisagent de postuler à la Guilde ?

Oui. Si vous êtes perdus, utilisez une carte.
Si vous n’en avez pas, créez en une.
Réflechissez.
Vous la gardez pour vous ?
Reflechissez.

Voilà . Dizzy n’arrête pas taper à la porte de mon lobe frontal pour que le cosmos puisse se promener. Je suis obligé de vous laisser sinon je me crashe à l’intérieur.

A très bientôt.

Bon vol !!!!!!!

Un dernier conseil aussi énigmatique que le commandant lui-même. Une chose est sûre : ce pilote ne manque ni de conviction, ni de mystère. Reste à voir où ses cartes le mèneront… et si la Guilde saura lui offrir la place qu’il cherche, ou qu’il a déjà trouvée sans le savoir.

Connexion cosmique : un pilote, une anomalie et un futur incertain.

Dans un échange aussi captivant qu’énigmatique, Keron Valhen a eu l’opportunité d’interviewer le Commandeur Aquisto Voss, nouvel aspirant de La Guilde des Cartographes. Rescapé d’un passé aussi trouble que fascinant, il se présente comme un homme marqué par une décennie de dérive dans l’espace, une expérience qui l’a transformé de manière inexplicable. Entre souvenirs brisés, quête d’identité et connexion mystique avec le cosmos, il nous livre un long témoignage hors du commun.

Sur l’origine et le parcours


Pour commencer, pouvez-vous nous parler un peu de votre passé ? D’où venez-vous et qu’est-ce qui vous a mené jusqu’à La Guilde des Cartographes ?

Eh bien, tout d’abord, bonjour.

Je crois pouvoir dire que rien ne me destinait à être pilote, bien au contraire puisque je suis né dans le crash d’une navette ! Pas mal pour un début !

C’est arrivé en juin 3278, sur la planète Thompson, dans le système Ackwada. J’ai été recueilli par la Ligue Impériale de Duduselkis. J’ai suivi des études et, à l’âge de 16 ans, mon contrat de servitude a été acheté par Mme Emma TORV.

(Normalement, à ACKWADA, tout le monde bosse un jour ou l’autre pour la Rockforth Corp. Bah pas moi !)

Mme TORV, c’est la personne la plus importante, la plus inspirante que j’ai rencontré dans ma vie. Enfin, avant ma mort.

C’était une riche aristocrate, figure très influentes dans toutes les plus hautes sphères impériales. Elle représentait une frange progressiste et elle a eu une grande influence sur la princesse DUVAL. (que j’ai eu l’occasion de croiser lors d’une de ses visites à la « Torv’s N Factors », la société de Mme TORV.)

J’ai tout appris grâce à elle ! Les arts, les jeux politiques, une vision éclairée de ce que doit devenir l’Empire. Même des cours de pilotage qui m’intéressaient moyennement.

J’avais la vingtaine quand les guerres de pirates de Pégase ont commençées. Nous vîmes arriver les réfugiés à ACKWADA par milliers. C’a m’a choqué. … Mouais… Je crois que c’est le terme.

Toujours est-il que Mme TORV offrit ses incommensurables moyens au service de l’aide humanitaire.

Et c’est lors de mon premier vol FSD que Mme TORV et moi-même avons péri . En 3301. Vraiment, j’étais pas destiné à être pilote.

En fait, j’ai dérivé pendant une décennie dans une capsule de sauvetage. Un pilote, qui est devenu un bon ami, m’a récupéré à la fin de l’été 3310.

On m’a détecté une “anomalie”. C’est comme ça qu’ils appelaient ça. On a fait en sorte que je récupère mes facultés physiques, cognitives, etc.

« L’anomalie » se traduit par une sorte de très légers vrombissements et des vibrations qui émanent de moi.

En gros, 10 ans passés “imbriqué” dans le cosmos, ça laisse des traces. C’est très dur à expliquer alors je vais faire très scolaire et très synthétique parce que c’est très important :

Je n’étais pas mort, ni en stase dans cette capsule. Pendant 10 ans, j’ai vu, j’ai entendu, j’ai conversé, j’ai échangé, j’ai appris. J’ai intégré un bout de cosmos en moi. Comment ?

Une délégation Utopienne a émis diverses théories ; ça pourrait être une sorte de conscience, de compréhension de l’espace, comme si ce dernier m’avait injecté un peu de ce qu’il est. Il s’exprime à travers moi par des sensations. Plus une sorte d’appel incontrôlable, comme si ma « partie cosmique » voulait retrouver son ventre matriciel. J’ai un bout d’espace en moi et je suis trop “petit”, j’ai pas la place ! Et croyez-moi, ce bout de cosmos que j’ai au plus profond de moi, il me laisse pas tranquille !! Il est cool, mais faut qu’on s’arrange pour qu’on puisse être complet ! Et pour ce faire, les scientifiques Utopiens m’ont fabriqué une interface neuronale expérimentale pour m’aider à ne pas devenir fou. Elle s’appelle Dizzy et tente de me traduire ce que ce bout de cosmos me communique. En résumé, je suis toujours accompagné ; par le cosmos lui-même, et par Dizzy, l’interface Utopienne.

Pour les gens normaux, j’apparais comme un peu schizophrène, mais c’est juste que c’est pas facile de manquer de place pour le vide en soi, vous comprenez ?

Bref, on m’a prêté un Sidewinder afin que je puisse retrouver ce qui, finalement, est mon véritable foyer depuis 10 ans.

Alors pourquoi LGC ? Je cherche un endroit. Je sais pas où. C’est le cosmos en moi qui décide, c’est comme ça. Le cosmos en moi me “parle”, dans un langage dont je ne connais même pas l’alphabet. Mon ami pilote me dit toujours en blaguant qu’il faut une carte pour me comprendre Il n’imagine pas à quel point il a raison.


Eh bien, je pensais avoir entendu des récits de pilotes marqués par l’espace, mais là, nous atteignons un tout autre niveau. Né dans un crash, mort dans une attaque, revenu d’entre les étoiles avec un fragment du cosmos en lui… Vous êtes un véritable roman à vous tout seul, Commandeur.

On pourrait s’attendre à ce qu’une telle expérience pousse à fuir l’infini, mais non, vous semblez inexorablement attiré par lui, comme si l’espace avait décidé de ne jamais vous lâcher.

Et puisque vous semblez en perpétuelle conversation avec l’univers lui-même, dites-moi, comment ce fragment d’infini en vous influence-t-il votre façon de piloter ? Plutôt explorateur, commerçant, combattant… ou autre chose encore ?

Mmmmh.

J’vais vous dire.. ; Pour moi, depuis que je suis un pilote, « on » se lève avec une idée en tête ; Se retrouver devant une étoile, le Cœur.. « On » prend un petit temps. Peut-être que l’étoile ne « nous » connais pas. Alors, on se découvre, on s’observe, on se jauge un peu. C’est presque un jeu de séduction. Ça vous fait pas ça à vous ? Quand l’odeur du néant vous prend au narines ?

Après, « on » se rapproche, on se connecte, on s’aprivoise. Et pour finir, on devient complet ! Et c’est jamais assez !!!!

Alors, oui, des fois, le combat est inévitable. Permettez-moi de trouver ceci dégradant. Vacuité et vanité ne sont par moi, « On » a d’autres truc à faire, ma tumeur stellaire et moi ! D’ailleurs, vous sentez les vibrations qui montent ? Oui ? Bah, cherchez pas ; ça vient de moi, enfin surtout de la parcelle de cosmos en moi. Ça veut dire que le Noir nous appelle !


Sur les motivations et les attentes


Je dois admettre que c’est la première fois qu’on me décrit le pilotage comme une danse intime avec les étoiles… et je suis à peu près sûr que c’est aussi la première fois que j’entends parler de « tumeur stellaire ». Si un jour un scientifique utopien décide d’écrire un papier sur vous, j’aimerais en avoir un exemplaire.

Mais revenons à des considérations plus… terrestres, si je puis dire. Il y a bien des chemins possibles pour un pilote, et pourtant, c’est vers la Guilde des Cartographes que vous avez choisi de vous tourner. Qu’est-ce qui vous a attiré vers elle en particulier ?

Hum. Le cosmos en moi a besoin de moi. La réciproque est vraie. Alors on se perd dans le néant, tous les deux, ensemble. Très bien. Et ensuite ? Le peu d’absolu perçu se doit d’être partagé. En tant qu’être humain, c’est un devoir. Tout seul ? Même en étant deux ? Impossible !

On n’est tout simplement pas capable ! On cherche quelque chose d’inconnu, on ne sait-où ! Bah, moi, dans ma 1ʳᵉ vie, quand j’étais perdu dans les marchés Voïvodiens, j’utilisais une carte. Et je n’étais plus perdu. Grâce aux personnes qui ont trouvé un endroit, l’ont enlacé, y ont créé un marché et, parce qu’on ne sait jamais, ont indiqué le chemin pour s’y rendre sans se perdre, eh bah, je n’étais pas perdu. Alors, ça fait 10 ans que je ne suis plus exclusivement un animal, mais ça me semble impératif de rendre la pareille.

Il y a quelque chose d’assez poétique dans votre manière de voir les choses… et une logique qui, étrangement, me parle. La cartographie, après tout, c’est ça : transformer l’inconnu en repère, rendre l’inaccessible atteignable. La Guilde a vu passer bien des esprits aventureux, mais rarement un pilote qui se définit autant comme un fragment de l’espace lui-même.

Si tracer des cartes est votre manière de rendre la pareille, alors il est un rituel qui pourrait bien vous parler : le Pèlerinage. L’épreuve initiatique des aspirants cartographes. Avez-vous déjà entendu parler de cette tradition ? Et surtout, comment envisagez-vous ce défi ?

Vous voyez les poupées russes ? Non ? Pas grave. Bah c’est pareil.… Je vois à votre visage que ne suis pas clair. J’y suis habitué, je comprends. Alors voilà comment je voisles choses :

Je suis né dans un vaisseau. Et je suis mort dans un vaisseau. Fin de l’histoire .

Sauf que pendant ce que vous appellez ma mort, le cosmos s’est infusé en moi, s’est installé,

Je suis une poupée russe, appontage moyen.

Une petite partie du cosmos est entrée en moi. C’est aussi une poupée russe, petit appontage.

Maintenant, on est 2 poupées. « On » est trop à l’étroit en moi. Il faut qu’ on trouve une plus grande poupée, un appontage plus large.

Et peut-être une autre poupée encore plus grande, encore plus loin. Pour, à la fin, être complet. Ma vie est un pélerinage, et je ne sais pas par où commencer.

Le pèlerinage de LGC est, à mon sens, une poupée russe, qui fera partie de moi tout au long du chemin. Comme un bagage durement acquis. Car, je vais vous faire une confidence. Le cosmos en moi, on arrive quand même à communiquer par le truchement de mon interface neuronal, Dizzy. Et il estime à juste titre que c’est par parce qu’il est moi (et inversement, évidemment ! Vous suivez?) qu’on ne se mérite pas.

Aïe !!! C’est rien, c’est l’interface, justement qui commence à s’impatienter. Va pas falloir tarder à décoller là !


Sur les compétences et l’adaptabilité


Les poupées russes… Une image surprenante, mais terriblement évocatrice. Vous voyez le Pèlerinage comme une étape, un emboîtement de plus dans votre quête d’unité avec l’espace. Voilà qui change des réponses plus… terre à terre que j’ai pu entendre.

Mais pour compléter cette grande poupée, encore faut-il survivre au voyage. L’exploration exige une autonomie totale, une capacité à improviser et à surmonter l’inattendu. Alors, dites-moi : comment vous débrouillez-vous en milieu hostile et inconnu ?

Hostile ? Je laisse ça à votre discrétion, une partie de moi n’est pas d’accord. En revanche, ce que vous appelez l’inconnu… Comment-dire ? Moi, j’ai pas le choix ! Mon « hôte » est appelé par ce fameux inconnu alors, on y fonce. Et de fait, Lui, il le connait. Mais pas moi.


L’hostilité, la peur de l’inconnu… des concepts relatifs, j’imagine, quand on a déjà fusionné avec l’espace lui-même. Pour vous, ce n’est pas une découverte, mais une reconnexion. Une danse cosmique où c’est votre… hôte, comme vous l’appelez, qui mène le pas.

Mais dans cette valse infinie, il doit bien y avoir un moment qui vous a marqué plus que les autres. Quelle est votre plus grande expédition, ou l’expérience d’exploration qui vous a le plus bouleversé ?

Oulah ! J’ai envie de dire les prochaines expériences. Ceci étant dit, ma 1ère étoile à neutrons et son chant si particulier, un petit trou noir qu’une connaissance de l’Institut Canonn m’a emmené voir… Et puis, une fois, un de ces fameux Thargoïds dont j’avais tant entendu parler. La conversation s’était terminée par une phrase du genre « Eh bien, nos congénères respectifs se seraient pas comportés comme des idiots ces derniers temps ? ». Je crois qu’il était aussi paumé que moi. Euh, y a encore beaucoup de questions parce que là, j’ai les tempes en feu !


Une étoile à neutrons, un trou noir, et même une conversation avec un Thargoïd… Vous collectionnez les rencontres marquantes, Commandeur. Et pourtant, vous semblez toujours chercher plus loin.

Mais l’exploration n’est pas qu’une aventure solitaire. Ceux qui arpentent les étoiles finissent toujours par croiser d’autres âmes errantes. La Guilde met un point d’honneur à l’entraide et au partage du savoir. Êtes-vous prêt à échanger vos découvertes, à apprendre de vos pairs et à transmettre votre propre compréhension du cosmos ?

Écoutez-moi bien ; si je réponds à cette question, c’est uniquement pour certains de vos lecteurs que j’imagine quelque peu marginalisés par une forme de détresse intellectuelle qui nous dépasse tous. Malgré tout, je vais vous faire une réponse définitive, détaillée dans le marbre ! Prêts ?

EVIDEMMENT !!!!!


Sur la vision de l’aspirant dans la Guilde

Une réponse gravée dans le marbre, rien que ça. Voilà qui a le mérite d’être clair. Je doute que même les plus sceptiques de nos lecteurs aient encore des doutes sur votre position.

Mais justement, parlons un peu d’avenir. Si vous deviez choisir une division au sein de la Guilde, laquelle vous semblerait la plus adaptée à votre parcours et à votre… connexion avec l’espace ?

Je veux faire renaitre l’entreprise de feu Mme TORV. C ‘est le seul reliquat de ma vie d’avant auquel je veux consacrer mon énergie. Mon énergie, pas celle de mon cosmos. C’était une société de culture et de transformation de café « Ziltoïd », très réputé dans les palaces impériaux. Elle avait surtout une vocation sociale, éthique, éco-responsable et même culturelle à ACKWADA, promulgant la vision anti-esclavagiste et d’accompagnement des démunis de Mme TORV.

Donc, pragmatiquement, je compte mettre en place une société de transport du nom « TORV’s N FACTORS », qui serait bien évidemment au service de la population confiée à la responsabilité de la Guilde.

Redonner vie à un projet aussi engagé, alliant commerce et valeurs humanistes… Voilà qui semble en parfaite adéquation avec l’esprit de Velorum. Une initiative ambitieuse qui, si elle voit le jour, pourrait bien marquer l’histoire de la Guilde.

Mais au-delà de cette entreprise, vous imaginez-vous un jour porter un rôle plus important au sein de LGC ?

Vous savez, je suis un citoyen Impérial décédé avec un bout de cosmos infusé en lui qui communique avec moi par le biais d’une interface neuronale caractérielle qui s’apelle Dizzy…

Alors, l’ambition personnelle est un concept qui nous est étranger.

En revanche, nous somme persuadés (enfin surtout un) que si des responsabilités devaient nous être confiés, le citoyen impérial que je suis s’acquitterait de la tâche avec convictions et rigueur, naturellement.

Une approche pour le moins… atypique, mais qui semble vous correspondre parfaitement. La Guilde ne manque pas de profils singuliers, et il semblerait que vous soyez prêt à y trouver votre place, quel que soit le rôle qui vous attend.

Avant de conclure, avez-vous un dernier mot pour les lecteurs du 32 Mu StarNews et pour ceux qui, comme vous, envisagent de postuler à la Guilde ?

Oui. Si vous êtes perdus, utilisez une carte.
Si vous n’en avez pas, créez en une.
Réflechissez.
Vous la gardez pour vous ?
Reflechissez.

Voilà . Dizzy n’arrête pas taper à la porte de mon lobe frontal pour que le cosmos puisse se promener. Je suis obligé de vous laisser sinon je me crashe à l’intérieur.

A très bientôt.

Bon vol !!!!!!!

Un dernier conseil aussi énigmatique que le commandant lui-même. Une chose est sûre : ce pilote ne manque ni de conviction, ni de mystère. Reste à voir où ses cartes le mèneront… et si la Guilde saura lui offrir la place qu’il cherche, ou qu’il a déjà trouvée sans le savoir.